Filtration et potabilisation de l’eau de pluie : quelles solutions efficaces pour les pros ?
L’eau de pluie est une ressource renouvelable, gratuite et encore trop peu utilisée. Pour les professionnels comme les exploitations agricoles, industries et bâtiments tertiaire, elle représente une opportunité majeure pour réduire les coûts d’eau, soulager les ressources naturelles et valoriser une démarche environnementale responsable.
Mais avant d’intégrer un système de récupération et de filtration, il faut maîtriser la réglementation, comprendre la qualité réelle de l’eau pluviale et choisir les bons traitements pour éviter tout risque sanitaire ou corrosif.
Le nouveau cadre réglementaire pour la récupération d’eau de pluie en 2024
- L’arrêté du 21 août 2008 relatif à la récupération des eaux de pluie (usage à l’intérieur/extérieur) est abrogé au 1ᵉʳ septembre 2024, remplacé par un nouveau cadre sanitaire pour les eaux impropres à la consommation humaine (EICH). Ministère des Solidarités+1
- Le décret n° 2024-796 du 12 juillet 2024 et l’arrêté du 12 juillet 2024 définissent désormais les conditions sanitaires pour l’utilisation des EICH dans les bâtiments (usage domestique, usages non potables) Ministère des Solidarités
- La réglementation distingue clairement usages permis et interdits : l’eau de pluie non traitée ne doit pas être utilisée pour l’alimentation, la cuisson ou le lavage des aliments sans traitement conforme. Service Public+2Ministère des Solidarités+2
- Si l’installation est raccordée au réseau d’assainissement collectif, une déclaration en mairie est nécessaire pour tout usage intérieur de l’eau de pluie. Service Public+2Reutilisationeau.fr+2
- Dans le domaine de l’urbanisme et de la gestion des eaux pluviales, les PLU, SAGE, SDAGE ou les zonages pluviaux imposent des prescriptions (collecte, stockage, traitement, limitation des rejets) pour les nouveaux lotissements ou bâtiments. Eau et ville+1
La réglementation existe mais reste techniquement souple et en évolution. Pour un projet professionnel, il est indispensable de vérifier localement les exigences sanitaires, déclaratives et d’urbanisme.

Pourquoi l’eau de pluie doit être filtrée et minéralisée avant usage ?

L’eau de pluie pure (avant ruissellement) est naturellement très douce (faible minéralisation). Lors du ruissellement sur toitures, gouttières, matériaux et poussières, elle peut se charger en ions, particules, contaminants, acides ou alcalins selon le milieu.
Problème possible : si l’eau est trop pauvre en calcium, magnésium ou en alcalinité, elle sera corrosive pour les conduits et les cuves, ou instable pour certains usages.
Le rôle essentiel de la minéralisation
La littérature n’impose pas de norme strictement applicable à l’eau de pluie pour usages non potables. Toutefois, pour que cette eau soit “vivable” dans des circuits techniques (matériel, tuyauterie, pompes) et acceptable pour les usages agricoles ou domestiques non sanitaires, une certaine minéralisation minimale est souhaitée.
- Dans les eaux potables, des valeurs indicatives : plusieurs États membres de l’UE recommandent par exemple des teneurs de 50 à 100 mg/L en calcium ou 10 à 30 mg/L en magnésium pour une “eau dure modérée” (et éviter la corrosion) FNS Uniba+1
- Un article récent mentionne que dans les environnements à ressources limitées, on utilise des matériaux naturels (roches, céramiques, béton) pour ajuster la dureté et enrichir l’eau en calcium et magnésium. ScienceDirect
En pratique, pour une cuve de récupération de pluie destinée à des usages agricoles ou domestiques non potables, viser une minéralisation effective autour de 15-50 mg/L Ca + 5-20 mg/L Mg (ou une dureté de 10 à 20 °F) peut être un compromis raisonnable.
Les cuves en béton : un choix durable pour la filtration naturelle
Les cuves en béton pour remonter le pH et minéraliser les eaux pluviales acides, c’est une approche pertinente :
- Le béton laisse remonter doucement du calcium (Ca²⁺) et parfois du magnésium (si liants appropriés) dans l’eau, augmentant ainsi la minéralisation.
- Le béton (correctement traité) contribue aussi à tamponner l’acidité, en élevant le pH vers des valeurs plus neutres ou légèrement alcalines.
- Dans une perspective durable, une cuve béton bien conçue (revêtue ou traitée pour éviter lixiviation excessive) est robuste, peu d’entretien, et participe au “vivant” du système.
Il faudra cependant veiller à :
- La qualité du béton (composition, adjuvants, couches de protection) pour éviter les excès de relargage (ex. hydroxyde, alcalinité excessive).
- Le temps de contact et le surface/volume de la cuve pour que la minéralisation puisse s’opérer sans excès.
- L’ajout éventuel d’étapes de filtration et de contrôle (filtre, décantation, désinfection) avant usage.
Les bénéfices concrets de la récupération d’eau de pluie pour les professionnels
La récupération et la valorisation de l’eau de pluie offrent de multiples avantages environnementaux, économiques et techniques. Ces bénéfices se manifestent aussi bien dans les secteurs agricoles qu’industriels, tertiaires ou collectifs.
Une gestion durable des ressources et des eaux pluviales
- Réduction du ruissellement : le stockage d’une partie des précipitations limite les débordements de réseaux et les inondations locales lors d’épisodes pluvieux intenses.
- Allègement des réseaux publics : en diminuant le volume d’eau envoyé vers les égouts ou stations d’épuration, on participe à la résilience des infrastructures urbaines.
- Régulation hydrologique naturelle : une bonne gestion des eaux pluviales contribue à maintenir les nappes phréatiques et à atténuer les effets des sécheresses estivales.
Une ressource gratuite et disponible
- L’eau de pluie, une fois collectée et stockée, représente une ressource libre et renouvelable, accessible à tous.
- Pour les professionnels, elle permet de réduire les coûts liés à l’eau potable, notamment pour les usages ne nécessitant pas une qualité alimentaire : arrosage, nettoyage, lavage de véhicules, abreuvoirs, refroidissement, alimentation de sanitaires, etc.
- En zones rurales ou isolées, elle peut constituer une sécurité d’approvisionnement en période de restriction ou de coupure du réseau public.
Un usage adapté à l’agriculture et à l’élevage
- Avec un équipement de filtration et de stockage approprié, l’eau de pluie peut convenir à l’abreuvement des animaux.
Son absence de chlore et sa douceur naturelle sont généralement bien tolérées, à condition d’un bon contrôle bactériologique et d’une désinfection adaptée. - En agriculture, elle peut être utilisée pour le nettoyage du matériel, le lavage des sols ou l’arrosage des cultures, contribuant à une autonomie hydrique partielle de l’exploitation.
- Elle limite également la concentration des minéraux indésirables (nitrates, sels, métaux lourds) souvent présents dans les eaux de forage ou de réseau.
Un atout pour les entreprises et collectivités
- Réutiliser l’eau de pluie permet de réduire la consommation d’eau potable dans les bâtiments professionnels (sanitaires, arrosage, entretien).
- C’est aussi un signal fort en matière de responsabilité environnementale (RSE) : un geste concret de préservation de la ressource.
- En couplant la récupération à des solutions de toitures végétalisées ou de bassins de rétention, les entreprises renforcent leur résilience face aux événements climatiques extrêmes.
Comment fonctionne un système professionnel de filtration et potabilisation de l’eau de pluie ?
Un système complet repose sur plusieurs étapes complémentaires :
- Collecte : toiture ou surface adaptée, sans matériaux toxiques.
- Préfiltration : grille ou décanteur pour retenir les débris (300 microns).
- Stockage : cuve en béton pour une minéralisation passive et durable.
- Filtration fine : médias granulaires, charbon actif, céramique.
- Désinfection : lampe UV ou traitement alternatif selon les usages.
- Distribution : circuits dédiés et signalétique “eau non potable”.
- Maintenance : contrôle régulier, nettoyage semestriel et vérification des installations.
Cette architecture assure une eau de pluie propre, stable et sécurisée pour tous les usages non alimentaires.
L’eau de pluie, une ressource d’avenir pour les professionnels
La filtration et la potabilisation de l’eau de pluie ne sont plus réservées aux particuliers : elles deviennent un levier stratégique pour les entreprises et les collectivités.
Combinée à des solutions naturelles (cuves béton, charbon actif, dynamisation) et à un suivi technique rigoureux, l’eau de pluie peut répondre à une large gamme d’usages professionnels, de l’agriculture à l’industrie, tout en renforçant la durabilité économique et écologique des sites.
Les précautions à prendre avant de lancer un projet
Même si les bénéfices sont nombreux, certaines précautions sont indispensables :
- Effectuer un entretien régulier et documenté du système.
- Vérifier les toitures (pollution, matériaux).
- Prévenir la stagnation et la prolifération bactérienne.
- Éviter toute connexion avec le réseau d’eau potable.
- Respecter les exigences locales (déclaration, affichage, normes de rejet).
Bien pensée et bien entretenue, la récupération et la filtration de l’eau de pluie permettent aux professionnels de réduire leurs coûts, de gagner en autonomie et de valoriser une démarche environnementale concrète. Avant tout projet, il est conseillé de réaliser un audit du site pour dimensionner le système, adapter la minéralisation et garantir la conformité réglementaire.

Avec Biolisme, maîtrisez la filtration et la réutilisation de l’eau de pluie en toute sécurité.